Lecture : La cité des chats / Lao She

Vous connaissez peut-être déjà Lao She, écrivain chinois du début du XXe siècle, et auteur de nombreuses œuvres, dont les plus connues sont surement Quatre générations sous un même toit et Le pousse-pousse. Mais connaissez-vous la Cité des chats, roman bien plus confidentiel (en occident du moins), et qui tranche au milieu de ses autres œuvres ?

Cat CountryQuatrième de couverture

Quand un voyageur de Chine s’écrase sur Mars, il se retrouve dans un pays habité entièrement par le Peuple des Chats. Se liant d’amitié avec un homme-chat local, il fait la connaissance de tous les aspects de la vie de ceux-ci : il apprend à parler le Félinois, à maîtriser la poésie-chat et à apprécier les effets narcotiques de la feuille de rêve – leur aliment de base. Mais sa curiosité se transforme vite en désespoir lorsqu’il s’aventure plus au cœur du pays et de la civilisation des chats, et réalise qu’il assiste au sombre déclin d’une civilisation.

La cité des Chats, la seule œuvre de science-fiction de Lao She est à la fois une dystopie sombre de la rencontre d’un homme avec la race féline, et une critique virulente d’un pays qui va à vau-l’eau.

Soyons clairs dès le début, l’histoire est nulle, mais le texte est superbe. Je m’explique. L’intrigue est quasiment inexistante, la science-fiction sans intérêt. Par contre, elle permet une satire brillante de la société chinoise de l’époque. Entre les feuilles de rêve qui rappelle l’opium, le « everybody-shareskyism » qui pourrait faire penser au marxisme/communisme/toute autre philosophie en -isme, l’imitation aveugle des valeurs étrangères, les révoltes incessantes, la corruption, Lao She nous donne une vision très sombre d’une société en train de perdre ses valeurs, une société en train de se perdre.

Il est important de noter que le livre fut écrit en 1932 et fut aussi extrêmement visionnaire. Outre la description des maux de la société qui l’entoure, Lao She y prédit de nombreux évènements à venir de la Chine. La scène notamment ou les étudiants-chats mettent à mort leur professeur, comme si de rien n’était, prophétise la révolution culturelle à venir, ainsi que la mort même de Lao She, qui se suicidera après avoir été battu par des gardes-rouges.

Ce livre est un petit OVNI parmi les autres écrits de Lao She, et même parmi tous les autres livres chinois de cette époque. C’est un livre que je recommande chaudement à toute personne s’intéressant à cette période de l’histoire de Chine.

3 thoughts on “Lecture : La cité des chats / Lao She

  1. J’ai tant aimé le pousse-pousse qui raconte avec légèreté une histoire très noire, avec une telle humanité que même les méchants en conservent une part, que je vais rechercher si la traduction française existe.
    Hélas je lis trop mal l’anglais.

    • Je dois avouer que le pousse-pousse fait partie des livres que je n’ai pas encore lu, mais j’espère y venir rapidement !
      Quant à la cité des chats, il a été traduit, mais pas dans des traductions récentes il me semble. Je pense donc que vous le trouverez plutôt en occasion qu’en neuf.
      Si vous aimez Lao She, j’ai aussi beaucoup aimé quatre générations sous un même toit. C’est plus long a lire, mais fantastique aussi (et plus facilement trouvable je pense). Il est fascinant de voir les réactions des différentes générations aux événements difficiles qui frappèrent la Chine à cette époque. Il faut reconnaître que Lao She cerne terriblement bien les différents personnages, tous, comme vous le faites remarquer, terriblement humains, que ce soit dans leurs bons ou mauvais côtés.

  2. Pingback: Lecture : Le pousse-pousse / Lao She | Le Repaire de la Renarde

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