Dans la caverne d’Ali Baba

En décembre dernier, j’étais à la recherche d’une vieille valise vintage. C’est ainsi que je me suis tournée, comme toujours dans ces cas-ci, vers Taobao, cet immense marché virtuel ou l’on trouve de tout et n’importe quoi (surtout n’importe quoi d’ailleurs). Et je trouve évidemment ce que je cherche. Mais étant donné que sur la boutique online, je ne vois indiqué que « valise d’occasion », et que je préfère choisir moi-même ma valise (j’ai une idée très précise de ce que je cherche), je me propose d’aller les voir directement et de choisir sur place.

C’est ainsi que par un sombre soir d’hiver, je me retrouve, armée de mon simple téléphone, à aller au fin fond de Pudong à la recherche d’un entrepôt de vieilles valises. Je saute dans un taxi, donne l’adresse, et c’est parti. Le taxi roule, roule, et roule encore. Je vois les tours s’éloigner, et je me demande dans quoi est-ce que je me suis embarquée. La nuit tombe. Le taxi roule toujours. A un moment, il s’arrête, en me disant que nous sommes arrivés à l’adresse que j’ai donnée. Il n’y a rien, si ce n’est quelques bouibouis faiblement éclairés, derrière un vaste espace en friche.

Google Maps à l’appui, je suis bien là où je voulais. Je paie donc le taxi, et descend, après que le chauffeur m’ai bien demandé par trois fois si c’était bien là que je voulais descendre. Un chauffeur de taxi qui s’inquiète pour sa cliente et s’étonne de son lieu de destination, c’est bien la première fois que je vois ça ! Mais cela donne une indication quant aux environs…

Je m’approche des lumières, et ne trouve que quelques petits restaurants, pas de boutiques. J’appelle.

– Allo ? C’est moi, la cliente qui vous appelle depuis une heure pour que vous ne fermiez pas boutique avant que j’arrive. Je crois que je suis arrivée, mais je trouve rien…
– Vous voyez un restaurant de nouilles ?
– Oui ?
– Prenez la petite ruelle sombre juste derrière. Sur la droite, vous trouverez des marches, cachées derrière de gros paquets. Montez, c’est-là !

Un peu inquiète (il fait sombre, froid, il n’y a personnes aux alentours, je viens de traverser un terrain boueux afin d’atteindre la boutique de nouilles, seul lieu illuminé dans le coin), je suis les instructions. A la lumière de mon portable, je trouve le fameux escalier, je monte. Je suis accueillie avec un grand sourire (et un air un peu dubitatif – mais qui est cette folle qui viens jusqu’ici !) par les propriétaires des lieux. Ils sont autour d’une table en train d’empaqueter quelque-chose, le seul endroit  légèrement éclairé dans ce qui semble être un vaste entrepôt.

– C’est bien vous les vendeurs de vieilles valises ?
– Oui, elles sont là, attendez, je vais éclairer.

Et là, la lumière fût (enfin, une lumière vacillante en provenance d’une vieille ampoule à filament. Je n’imaginais pas en voir encore dans Shanghai aujourd’hui !). Et sous mes yeux, apparaissent des montagnes et des montagnes de vieilles valises !

Entrepôt de vieilles valises vintage

C’est une véritable caverne d’Ali Baba qui se découvre devant mes yeux. Emerveillée, je leur demande si je peux me balader dans leur entrepôt, et prendre des photos. Les propriétaires, adorables, me laissent faire, et éclairent les différentes pièces pour moi.

Je suis comme un enfant dans un magasin de bonbon. C’est ainsi que je découvre vieilles valises, en cuir et en carton, de vieilles malles, en bois, en cuir ou tressées, de vieux tambours…

… des rangées et des rangées de vieilles boîtes en métal multicolores…

Vieilles boîtes vintage Vieilles boîtes vintage

… des piles de vieilles bobines de film …

Boîte à films

… des ventilateurs …

Vintage-10

… de vieux thermos …

vieux thermos

… des vielles radios et machines à coudre, ainsi que tout un tas de bric à brac du vieux Shanghai.

Je pose quelques questions, essaie de savoir d’où viens tout cela (surtout les films). Les propriétaires n’ont pas l’air de trop s’y intéresser. Ça vient d’un peu partout, ils ne savent pas vraiment ce que contiennent les vieilles bobines de film (avis aux amateurs, des trésors s’y cachent peut-être !), ils vendent surtout tout cela comme accessoire de film ou élément de décoration. Leurs clients on l’air de s’intéresser à l’aspect plutôt qu’au contenu.

Je me rappelle que je ne suis là QUE pour une vieille valise, que je n’ai plus de place chez moi, que maman piquera une belle crise si je rentre avec tout un tas de vieilleries poussiéreuses. C’est ainsi qu’après un long moment à m’extasier devant tout cela, et beaucoup de retenue, je ne repars qu’avec la valise désirée (et un rouleau de vieux tissus, mais qui me servira pour la restauration de ladite valise).

En attente d’avoir le temps (et le courage), de retourner faire un tour là-bas, dans ma caverne d’Ali Baba…

9 thoughts on “Dans la caverne d’Ali Baba

  1. Savez vous que votre recherche de magasin de valises ferait un excellent début de roman.

    Comme j’aimerais trouver un pareil dépôt de vieilles choses, j’en remplierais toute une camionette.

    • Je crains de n’avoir pas le talent (et ni le temps, ni le courage) d’écrire un roman. Mais n’hésitez pas à le faire si cela vous inspire. Et prévenez-moi quand il sera écrit, que j’aille y jeter un coup d’œil !

      Et je suis sure et certaine que vous devriez pouvoir trouver de tels endroit près de chez vous. Il y a tant de gemmes cachées tout autour de nous.

      L’aventure se trouve bien souvent juste au coin de la rue, il faut juste savoir l’attraper au vol, et en profiter.

  2. Quelle jolie découverte, et quelles belles photos ! Cet entrepôt ressemble à lui tout seul à un décor de film, et votre petite aventure hors des sentiers battus donne envie de vous suivre comme une petite souris dans les friches improbables de Pudong…

    • Shanghai est un éternel émerveillement. Quand je crois l’avoir enfin cerné, j’en découvre encore de nouvelles facettes et recoins.

  3. Pingback: La valise | Le Repaire de la Renarde

  4. Si cela vous tente d’y retourner, je suis partante pour vous accompagner !

    • Je n’hésiterai pas à vous faire signe si c’est le cas !
      Mais comme vous pouvez le remarquer au rythme de publication qui a énormément ralenti dernièrement, je n’ai plus trop le temps pour l’instant.
      En attendant, n’hésitez pas à aller faire un petit tour sur leur boutique Taobao (le lien est dans l’article). Vous y trouverez déjà de nombreux articles, ainsi que leurs informations de contact, au cas ou vous souhaiteriez aller les voir par vous même.

  5. Oh ces photos et ce lieu sont extraordinaires ! Que de merveilles cachées sans doute et qu’on ne soupçonnerait pas derrière un modeste restaurant.

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